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La tradition islamique est, en tant que « sceau de la Prophétie », la forme ultime de l’orthodoxie traditionnelle pour le cycle humain actuel. Les formes traditionnelles qui ont précédé la forme islamique (Hindouisme, Taoïsme, Judaïsme, Christianisme,…) sont, dans leurs formulations régulières et orthodoxes, des reflets de la Lumière totale de l’Esprit-universel qui désigne Er-Rûh el-mohammediyah, le principe de la prophétie, salawâtu-Llâh wa salâmu-Hu ‘alayh.

René Guénon – À propos des langues sacrées

Sourate Joseph (Yûsuf) : « Alif-Lâm-Râ'. Celles-là sont les Signes du Livre Explicite. En vérité, Nous l'avons fait descendre en tant que Coran arabe, Peut-être comprendriez-vous ?... »

Sourate Joseph (Yûsuf) : « Alif-Lâm-Râ'. Celles-là sont les Signes du Livre Explicite. En vérité, Nous l'avons fait descendre en tant que Coran arabe, Peut-être comprendriez-vous ?... »

Nous avons fait remarquer incidemment, il y a quelque temps (1), que le monde occidental n’avait à sa disposition aucune langue sacrée autre que l’hébreu ; il y a là, à vrai dire, un fait assez étrange et qui appelle quelques observations ; même si l’on ne prétend pas résoudre les diverses questions qui se posent à ce sujet, la chose n’est pas sans intérêt. Il est évident que, si l’hébreu peut jouer ce rôle en Occident, c’est en raison de la filiation directe qui existe entre les traditions judaïque et chrétienne et de l’incorporation des Écritures hébraïques aux Livres sacrés du Christianisme lui-même ; mais on peut se demander comment il se fait que celui-ci n’ait pas une langue sacrée qui lui appartienne en propre, en quoi son cas, parmi les différentes traditions, apparaît comme véritablement exceptionnel.

À cet égard, il importe avant tout de ne pas confondre les langues sacrées avec les langues simplement liturgiques (2) : pour qu’une langue puisse remplir ce dernier rôle, il suffit en somme qu’elle soit « fixée », exempte des variations continuelles que subissent forcément les langues qui sont parlées communément (3) ; mais les langues sacrées sont exclusivement celles en lesquelles sont formulées les écritures des différentes traditions. Il va de soi que toute langue sacrée est aussi en même temps, et à plus forte raison, la langue liturgique ou rituelle de la tradition à laquelle elle appartient (4), mais l’inverse n’est pas vrai ; ainsi, le grec et le latin peuvent parfaitement, de même que quelques autres langues anciennes (5), jouer le rôle de langues liturgiques pour le Christianisme (6), mais ils ne sont aucunement des langues sacrées ; même si l’on supposait qu’ils ont pu avoir autrefois un tel caractère (7), ce serait en tout cas dans des traditions disparues et avec lesquelles le Christianisme n’a évidemment aucun rapport de filiation.

L’absence de langue sacrée dans le Christianisme devient encore plus frappante lorsqu’on remarque que, même pour ce qui est des Écritures hébraïques, dont le texte primitif existe cependant, il ne se sert « officiellement » que de traductions grecque et latine (8). Quant au Nouveau Testament, on sait que le texte n’en est connu qu’en grec, et que c’est sur celui-ci qu’ont été faites toutes les versions en d’autres langues, même en hébreu et en syriaque ; or, tout au moins pour les Évangiles, il est assurément impossible d’admettre que ce soit là leur véritable langue, nous voulons dire celle dans laquelle les paroles mêmes du Christ ont été prononcées. Il se peut cependant qu’ils n’aient jamais été écrits effectivement qu’en grec, ayant été précédemment transmis oralement dans leur langue originelle (9) ; mais on peut alors se demander pourquoi la fixation par l’écriture, lorsqu’elle a eu lieu, ne s’est pas faite tout aussi bien dans cette langue même, et c’est là une question à laquelle il serait bien difficile de répondre. Quoi qu’il en soit, tout cela n’est pas sans présenter certains inconvénients à divers égards, car une langue sacrée peut seule assurer l’invariabilité rigoureuse du texte des Écritures ; les traductions varient nécessairement d’une langue à une autre, et, de plus, elles ne peuvent jamais être qu’approximatives, chaque langue ayant ses modes d’expression propres qui ne correspondent pas exactement à ceux des autres (10) ; même lorsqu’elles rendent aussi bien que possible le sens extérieur et littéral, elles apportent en tout cas bien des obstacles à la pénétration des autres sens plus profonds (11) ; et l’on peut se rendre compte par là de quelques-unes des difficultés toutes spéciales que présente l’étude de la tradition chrétienne pour qui ne veut pas s’en tenir à de simples apparences plus ou moins superficielles.

Bien entendu, tout cela ne veut nullement dire qu’il n’y ait pas de raisons pour que le Christianisme ait ce caractère exceptionnel d’être une tradition sans langue sacrée ; il doit au contraire y en avoir très certainement, mais il faut reconnaître qu’elles n’apparaissent pas clairement à première vue, et sans doute faudrait-il, pour parvenir à les dégager, un travail considérable que nous ne pouvons songer à entreprendre ; du reste, presque tout ce qui touche aux origines du Christianisme et à ses premiers temps est malheureusement enveloppé de bien des obscurités. On pourrait aussi se demander s’il n’y a pas quelque rapport entre ce caractère et un autre qui n’est guère moins singulier : c’est que le Christianisme ne possède pas non plus l’équivalent de la partie proprement « légale » des autres traditions ; cela est tellement vrai que, pour y suppléer, il a dû adapter à son usage l’ancien droit romain, en y faisant d’ailleurs des adjonctions, mais qui, pour lui être propres, n’ont pas davantage leur source dans les Écritures mêmes (12). En rapprochant ces deux faits d’une part, et en se souvenant d’autre part que, comme nous l’avons fait remarquer en d’autres occasions, certains rites chrétiens apparaissent en quelque sorte comme une « extériorisation » de rites initiatiques, on pourrait même se demander si le Christianisme originel n’était pas en réalité quelque chose de très différent de tout ce qu’on en peut penser actuellement ; sinon quant à la doctrine elle-même (13), du moins quant aux fins en vue desquelles il était constitué (14). Nous n’avons voulu ici, pour notre part, que poser simplement ces questions, auxquelles nous ne prétendrons certes pas donner une réponse ; mais, étant donné l’intérêt qu’elles présentent manifestement sous plus d’un rapport, il serait fort à souhaiter que quelqu’un qui aurait à sa disposition le temps et les moyens de faire les recherches nécessaires à cet égard puisse, un jour ou l’autre, apporter là-dessus quelques éclaircissements.

(1) Les « racines des plantes », dans le n° de septembre 1946 des Études Traditionnelles.
(2) Cela importe même d’autant plus que nous avons vu un orientaliste qualifier de « langue liturgique » l’arabe, qui est en réalité une langue sacrée, avec l’intention dissimulée, mais pourtant assez claire pour qui sait comprendre, de déprécier la tradition islamique ; et ceci n’est pas sans rapport avec le fait que ce même orientaliste a mené dans les pays de langue arabe, d’ailleurs sans succès, une véritable campagne pour l’adoption de l’écriture en caractères latins [Il s’agit vraisemblablement de Louis Massignon].
(3) Nous préférons dire ici « langue fixée » plutôt que « langue morte » comme on a l’habitude de le faire, car, tant qu’une langue est employée à des usages rituels, on ne peut dire, au point de vue traditionnel, qu’elle soit réellement morte.
(4) Nous disons liturgique ou rituelle parce que le premier de ces deux mots ne s’applique proprement qu’aux formes religieuses, tandis que le second a une signification tout à fait générale et qui convient également à toutes les traditions.
(5) Notamment le syriaque, le copte et le vieux slave, en usage dans diverses Églises orientales.
(6) Il est bien entendu que nous n’avons en vue que les branches régulières et orthodoxes du Christianisme ; le Protestantisme sous toutes ses formes, ne faisant usage que des langues vulgaires, n’a plus par là même de liturgie à proprement parler.
(7) Le fait que nous ne connaissions pas de Livres sacrés écrits dans ces langues ne permet pas d’écarter absolument cette supposition, car il y a certainement eu dans l’antiquité bien des choses qui ne nous sont pas parvenues ; il est des questions qu’il serait assurément bien difficile de résoudre actuellement, comme par exemple, en ce qui concerne la tradition romaine, celle du véritable caractère des Livres sibyllins, ainsi que de la langue dans laquelle ils étaient rédigés.
(8) La version des Septante et la Vulgate.
(9) Cette simple remarque au sujet de la transmission orale devrait suffire à réduire à néant toutes les discussions des « critiques » sur la date prétendue des Évangiles, et elle suffirait en effet si les défenseurs du Christianisme n’étaient eux-mêmes plus ou moins affectés par l’esprit antitraditionnel du monde moderne.
(10) Cet état de choses n’est pas sans favoriser les attaques des « exégètes » modernistes ; même s’il existait des textes en langue sacrée, cela ne les empêcherait sans doute pas de discuter en profanes qu’ils sont, mais du moins serait-il alors plus facile, pour tous ceux qui gardent encore quelque chose de l’esprit traditionnel, de ne pas se croire obligés de tenir compte de leurs prétentions.
(11) Cela est particulièrement visible pour les langues sacrées où les caractères ont une valeur numérique ou proprement hiéroglyphique, qui a souvent une grande importance à ce point de vue, et dont une traduction quelconque ne laisse évidemment rien subsister.
(12) On pourrait dire, en se servant d’un terme emprunté à la tradition islamique, que le Christianisme n’a pas de shariyah ; cela est d’autant plus remarquable que, dans la filiation traditionnelle qu’on peut appeler « abrahamique », il se situe entre le Judaïsme et l’Islamisme, qui ont au contraire l’un et l’autre une shariyah fort développée.
(13) Ou, peut-être faudrait-il plutôt dire, à la partie de la doctrine qui est demeurée généralement connue jusqu’à nos jours ; celle-là n’a certainement pas changé, mais il se peut qu’en outre il y ait eu d’autres enseignements, et certaines allusions des Pères de l’Église ne semblent même guère pouvoir se comprendre autrement ; les efforts faits par les modernes pour amoindrir la portée de ces allusions ne prouvent en somme que les limitations de leur propre mentalité.
(14) L’étude de ces questions amènerait aussi à soulever celle des rapports du Christianisme primitif avec l’Essénianisme, qui est d’ailleurs assez mal connu, mais dont on sait tout au moins qu’il constituait une organisation ésotérique rattachée au Judaïsme ; on a dit là-dessus bien des choses fantaisistes, mais c’est encore là un point qui mériterait d’être examiné sérieusement.

[René Guénon, À propos des langues sacrées, Études Traditionnelles, avril-mai 1947. Repris dans le recueil posthume Aperçus sur l’ésotérisme chrétien.]

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C
P.S.<br /> La tradition delphique ( hyperboréenne) s'est transmise jusqu'à nous sous la forme de l'hermétisme chrétien dérivé de l'hermétisme( alchimique) alrexandrin, adopté par Virgile<br /> et tout l'Empire romain, sous le patronage de la Vierge Mère Isis.<br /> Voir dans&quot;La Quadrature&quot; : La source égyptienne (Annexe I)<br /> et 'L'Agneau Mystique&quot;, ou plus exactement hermétique.
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C
Guénon ne parle ici que de l'usage exotériqte des langues rituelles. Mais iil est le premier à dire<br /> que le christianisme, primitivement initiatisue, a été réadapté aux besoins de populations que la dégénérescence de l'exotérisme gréco-romain aurait laissées &quot;orphelines&quot;. L'ésotérisme correspondant , encore défendu par le grand empereur Julien 'l'apostat&quot; *, n'avait pourtant pu disparaître, mais s'était simplement occulté, comme il l'avait d'ailleurs déjà fait sous les successeurs d'Auguste (voir le sanctuaire clandestin de la Porte Majeure, à Rome.)<br /> Le cas de ces Pythagoriciens est aussi spécial que celui des Chinois, qui disposaient<br /> comme eux d'un langage des Nombres et d'une écriture hiéroglyphiqque. Celle-ci, loin d'être étendue à toute la population, comme en Chine, était au contraire restée l'énigme bien gardée<br /> delphique. Voir sur notre site le décryptage du &quot; E de Delphes&quot; dû au grand prêtre Plutarque, qui était donc bien placé pour l'évoquer à mots très couverts.N.B. Ce texte se réfère directement à la &quot;Grande Triade&quot;, comme le montre l'extrait suivant<br /> * Dénomination infamante décernée par les anti-paganistes.<br /> <br /> Extrait de &quot;L'énigme de Delphes&quot; ( : N. B. Les dessins ne passent malheureusement pas).Mais<br /> on les trouvera sur notre site)<br /> <br /> &lt; CH. II SUR LE &quot;E&quot; DU TEMPLE DE DELPHES<br /> <br /> Tel est le titre d'un petit traité (1) que Plutarque a consacré à une des énigmes du temple delphique, et qui a fait l'objet de nombreuses spéculations, signe de l'embarras qu'elle provoque dans la communauté des savants. (2-)<br /> C'est la présence, sur la porte du temple, d'une lettre E (epsilon) dont plus personne ne savait ce qu'elle faisait là, mais dont l'antiquité devait être considérable, vu que la première version de ce caractère était réalisée en bois. (3)<br /> <br /> Et pourtant, l'importance de ce symbole devait être assez grande pour qu'on s'évertue à l'interpréter, et pour justifier le fait historique suivant, cité par Plutarque lui-même.<br /> C'est que l'empereur Auguste envoya un jour à Delphes son épouse Livie, pour y offrir au temple un nouveau E. (4)<br /> <br /> Mais si Plutarque connaissait mieux que personne le sens de l'énigme, il ne faut pas compter sur lui pour nous le dévoiler.<br /> Il utilise au contraire pour couverture une méthode,fondée sur le constat très actuel que &quot; trop d'information tue l'information&quot;.<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> (1) Compris, avec Isis et Osiris, dans ce qu'on appelle ses moralia.<br /> (2) Nous en reproduisons quelques unes en annexe, dont la meilleure d'entre elles, due à Ananda Coomaraswamy<br /> (3) Il datait donc d'une époque où pierre et métal étaient exclus des monuments sacrés. Tradition jamais démentie chez les Celtes, dont il ne nous reste donc aucun bâtiment. Même en Grèce et à Rome, les bois sacrés ont tenu lieu de temples fort longtemps.<br /> (4) Et qui était cette fois en or. Il ne faudrait pas prendre cette initiative pour un simple geste protocolaire, car Delphes était depuis toujours pour Rome un centre spirituel de la plus haute importance. Sous la république, on y envoyait consulter les livres sibyllins à la moindre alerte, et l'Empire, en raison de ses origines pythagoriciennes, ne pouvait que renforcer ce lien. C'est en raison de cette allégeance qu'Auguste fit le voyage d'Egypte pour se faire ouvrir le tombeau d'Alexandre et y jeter une couronne.<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Avec un humour certain, il n'avance donc pas moins de sept explications différentes, dont les meilleures sont encore assez peu convaincantes. (1<br /> <br /> C'est ce qui s'appelle &quot;noyer le poisson, un usage bien connu des organisations initiatiques.<br /> Et pourtant, il avait commencé par cet avertissement paradoxal : <br /> <br /> &quot; Les prêtres donnent de cette inscription une interprétation connue de tout le monde. Ils disent que ce n'est ni la forme ni le son de cette lettre, mais sa signification qui renferme quelque chose de symbolique.<br /> <br /> Pour résoudre cette énigme, il faut commencer par tenir compte des faits suivants, tous bien attestés :<br /> <br /> - Delphes, avec son temple d'Apollon Hyperboréen, était depuis toujours un des hauts lieux du Pythagorisme.<br /> <br /> - Plutarque, grand prêtre de ce temple, était donc éminemment qualifié pour connaître la doctrine pythagoricienne..<br /> <br /> - Son traité d'Isis et Osiris est entièrement consacré au théorème de Pythagore, ainsi qu'aux sources égyptiennes de la mathématique grecque, tout entière fondée sur les Nombres. (2)<br /> <br /> Or ceux-ci, avant d'être tenus exclusivement pour des moyens de calcul, comme c'est le cas de nos jours, représentent des Idées universelles, au sens platonicien du terme, et les chiffres qui les recouvrent sont donc très littéralement des idéogrammes.<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> (1)Toute l'introduction du traité se présente du reste comme un badinage entre amis. Mais il se transforme vite en une longue énumération des vertus du Nombre Cinq…<br /> (2) voir notre annexe sur le Triangle égyptien. <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Pour les Grecs, les Nombres arithmétiques sont étroitement associés aux formes géométriques, à la différence de la tradition sémitique, où ils sont liés avant tout à une science des lettres. <br /> <br /> Ce qu'on va montrer maintenant, c'est que cette science des lettres existait également chez les Pythagoriciens, mais sous une forme où l'origine géométrique des caractères apparaît à l'évidence.<br /> <br /> <br /> <br /> (1) Comme celle qui fait du E l'initiale de la forme verbale EI (&quot;Tu es&quot;), ce qui a au moins un sens ontologique plausible. C'est celle qu'avait retenu e Ananda Coomaraswamy, à la différence de Jean Richer, par exemple, qui veut voir dans le E un Dâ archaïque désignant la Terre ( cf. la revue Aurores. No 41 Mars 1984). C'est chercher midi à quatorze heures, car le Nombre 5 est solaire. comme le Pentagramme ou Pentalpha ( l' &quot;Etoile flamboyante&quot;.).<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> CH. III LES MYSTERES DU &quot;E&quot;<br /> <br /> <br /> Ce caractère occupe la cinquième place dans l'alphabet grec (1) (comme d'ailleurs dans les nôtres), et l'on connaît le rôle capital du Nombre Cinq et du Pentagramme (2) qui lui est associé, en tant qu'image de l'homme régénéré.<br /> <br /> Nous devrons maintenant nous montrer très rigoureux, comme l'impose une doctrine de la cohérence totale.<br /> <br /> Car la clé de toute l'énigme nous est donnée par une autre énigme,<br /> une de ces &quot;devinettes&quot; d'allure provocante (3) auxquelles les Pythagoriciens soumettaient leurs impétrants, et que nous avons donc placée en exergue…<br /> <br /> &quot; Le commencement est la moitié du Tout &quot; (4)<br /> <br /> Il va nous falloir prendre au pied de la lettre cet aphorisme, dont aucune interprétation allégorique ou morale ne rend le sens véritable.<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> (1) L'unité correspond à l'Alpha, origine de toutes les lettre, alors que l'Omega en figure le terme (le &quot;dernier nombre&quot;). Quant à la Décade, synthèse des neuf premiers, elle est représentée par l'iota (substitut du Yod ), simple trait vertical qui est resté notre lettre j, en même temps que le chiffre de l'unité..<br /> N.B. Dans sa forme actuelle (scolaire) le iota est la neuvième lettre, ce qui est dû à l'&quot;abandon&quot; du digamma ( notre double vé), normalement sixième, en tant que lettre conjonctive, comme le waw arabe. Nous reviendrons plus loin sur ce sujet..<br /> (2) Le pentagone étoilé.<br /> (3) On pense aux Koans japonais, qui ont également pour but de faire éclater les limites du mental<br /> (4) C'est sur cette apparente absurdité que s'ouvre le petit ouvrage de J.F. Mattei &quot; Pythagore et les pythagoriciens&quot; (P.U.F 1993).<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Et pour cela, nous allons l'appliquer à deux caractères dont la fonction symbolique est essentielle, puisqu'ils figurent l'un et l'autre la structure entière du cosmos.<br /> <br /> Il s'agit du A, qui commence l'alphabet en tant qu'origine de toutes les autres lettres (1), et du E, dont nous venons de parler. <br /> Donc, 1 et 5, qui sont d'ailleurs intimement liés en tant que symboles axiaux.<br /> <br /> Commençons par l'Alpha. <br /> <br /> Traditionnellement, sa forme évoque la Montagne polaire. (1)<br /> <br /> Mais lorsqu'il se présente comme suit, il y a du pythagorisme dans l'air,<br /> Il suffit en effet de prolonger un de ses tracés, (ici en gras) pour voir apparaître le Pentagramme sacré, et donc secret. (2)<br /> <br /> ALPHA A BARRE OBLIQUE<br /> <br /> On voit donc que le commencement est ici, très littéralement,<br /> &quot;la moitié du Tout&quot;, qui est le Pentalpha ( ou Pentagramme), signe de reconnaissance des Pythagoriciens<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> (1) Voici pat exemple ce qu'en dit la tradition musulmane : La lettre alif présente la forme d’un axe vertical; , en tant que &quot;signatures &quot; du Pôle. La lettre alif est tout spécialement considérée comme « polaire » (Qutbâniyah), avec pour Nombre le 111, ( l'Unité dans les trois mondes ), ce qui est la définition même du Pôle.<br /> (2) Comme l'unité est celle de tous les nombres. A est le son émis par l'appareil phonateur au repos, position d'ouverture et de détente maximale , et dont se sert le docteur, comme du fameux 33, pour y voir plus clair dans notre gosier. <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Venons-en maintenant à la lettre E, qui obéit exactement à la même loi axiale. <br /> <br /> Rappelons que, sous sa forme ordinaire, orientée à main droite, ce caractère figure le nombre 5 .<br /> Mais ce n'est là qu'un commencement .<br /> <br /> En effet, pour obtenir le Tout , il suffit de lui rendre sa &quot;main gauche&quot;.<br /> La figure complète se présente dès lors comme suit. Et l'on voit que cet état, antérieur à toute polarisation, suffit à déceler l'existence d'un système hiéroglyphique très ancien, conservé uniquement dans le cadre des Mystères, et dont la fragmentation a créé les alphabets modernes. (1)<br /> <br /> <br /> Commençons par constater que cet hiéroglyphe, tout autant que le A, figure l'unité polaire unissant les trois mondes.<br /> <br /> <br /> Or, ce symbole est si primordial qu'on le retrouve aux deux extrémités de la planète. (2)<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> (1) Cette dispersion s'est d'ailleurs généralisée à toute la doctrine pythagoricienne, ce qui explique son injonction initiatique de &quot;Rassembler ce qui est épars&quot;, seul moyen d'en reconstituer l'ensemble… <br /> (2) Voir l'explication complète de ce symbolisme dans La Grande Triade de René Guénon, ouvrage qui, sous le couvert de la tradition chinoise, expose en même temps celle des Pythagoriciens, d'ailleurs toute comparable.<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> C'est là une chose qui peut échapper aux hellénistes, vu qu'ils sont rarement sinologues.<br /> Mais que chacun pourra constater par lui-même en accostant dans la rue le premier Chinois venu, et en lui montrant le caractère en question.<br /> Ce passant le reconnaîtra au premier coup d'œil, et avec un plaisir d'autant plus vif que ce signe, comme le Dragon Lông - lui aussi image du Médiateur céleste - est un porte-bonheur réputé. (1)<br /> <br /> C'est le Wang , le &quot;Roi&quot;, celui que les Sages Taoïstes appellent l'&quot;Homme Transcendant&quot;. <br /> <br /> <br /> On le voit ici sous sa forme calligraphiée, qui représente l'Homme Universel dans sa position de lien crucial entre les deux traits horizontaux figurant le Ciel ( Tien ) et la Terre ( Ti ).<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> .(1) Ci-dessous, le Dragon Lông (prononcer Lôg , comme Lôgos) sort du Fleuve Jaune, portant sur le dos les livres sacrés; il va s'envoler en plusieurs étapes, pour assurer la médiation entre terre et Ciel. Cf; Matgioi, La Voie Métaphysique<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> On voit que les Chinois ont toujours représenté ouvertement ce Tout que les Grecs avaient été contraints de dissimuler en n'en livrant que la Moitié.. <br /> <br /> Bien entendu, les Chinois ignorent pour la plupart le sens profond de ce symbolisme.<br /> Mais pourquoi alors ce signe leur est-il resté si familier ?,<br /> C'est qu'ils l'ont appris à l'école primaire, car il sert tout simplement à noter le nombre Dix, (1)<br /> <br /> Revenons maintenant à notre E delphique.<br /> <br /> Puisqu'il ne montre que la moitié de l'hiérogramme complet, lequel vaut Dix , on doit en conclure ce caractère représente le Nombre 5.<br /> Or c'est précisément là sa valeur reconnue, que vient confirmer par sa cinquième place dans l'alphabet.<br /> <br /> La conclusion de ces &quot;coïncidences&quot;, c'est d'abord qu'elles ne sauraient être l'effet du hasard. (2)<br /> Mais elles sont aussi un remarquable argument appuyant la réalité d'une Tradition primordiale, dont les traditions chinoise et hyperboréenne (pythagoricienne) découlent directement.<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> (1) Ce Nombre cher aux Taoïstes est aussi celui de la Tetraktys pythagoricienne et des Séphiroth de la Kabbale, en tant que synthèse de toute la numération.<br /> (2) Pas plus que le fait suivant, qui illustre bien l'usage ésotérique de l'alphabet. La majuscule <br /> grecque Ksi , qui est exactement semblable au caractère Wang , se rend en latin par X. <br /> Or ce &quot;chiffre romain&quot; est lui aussi formé par l'assemblage de deux V, c. à d. de deux 5..&gt;<br /> <br /> ANNEXE : à propos de numération<br /> <br /> Nos chiffres dits &quot;arabes&quot;, et qui sont en réalité indiens,<br /> ont été transmis à Rome, sous Auguste, au ours de plusieurs ambassades<br /> indiennes Les pythagoriens, dont Virgile, les connaissaient donc très bien.<br /> La preuve, c'est que les calculs complexes qui &quot;mesurent&quot; son oeuvre<br /> n'auraient jamais été possibles en chiffres romains. Essayez par exemple avec les symétriques fondamentaux 528 er 825…<br /> Voir aussi dans &quot;La tradition pythagoricienne&quot; : questions de numération.<br /> <br /> N.B.24 peuples ou pays annexés ou soumis,avaient envoyé des ambassades auprès d'Auguste comme l’Inde ( Wikipedia)
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M
Salam <br /> merci beaucoup pour ton travail riche et constant
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