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La tradition islamique est, en tant que « sceau de la Prophétie », la forme ultime de l’orthodoxie traditionnelle pour le cycle humain actuel. Les formes traditionnelles qui ont précédé la forme islamique (Hindouisme, Taoïsme, Judaïsme, Christianisme,…) sont, dans leurs formulations régulières et orthodoxes, des reflets de la Lumière totale de l’Esprit-universel qui désigne Er-Rûh el-mohammediyah, le principe de la prophétie, salawâtu-Llâh wa salâmu-Hu ‘alayh.

Ibn Arabî : Le Traité de l'unité - Traduction Abdul-Hâdi / Ivan Agueli (5)

soufisDonc, "celui qui connaît" et "ce qui est connu" sont identiques, de même que "celui qui arrive" et "ce à quoi on arrive", "celui qui voit" et "ce qui est vu" sont identiques. "Celui qui sait" est Son attribut ; "Ce qui est su" est Sa substance ou "nature intime". "Celui qui arrive" est Son attribut ; "Ce à quoi on arrive" est Sa substance. Or, la qualité et ce qui la possède sont identiques. Telle est l'explication de la formule : Celui qui connaît, connaît son Seigneur. Qui saisit le sens de cette similitude comprend qu'il n'y a ni union, jonction ou arrivée, ni séparation. Il comprend que "Celui qui sait" est Lui, et que "Ce qui est su" est encore Lui. "Celui qui voit" est Lui ; "Ce qui est vu" est encore Lui. "Celui qui arrive" est Lui ; "Ce à quoi on arrive" dans l'union est encore Lui. Aucun autre que Lui ne peut se joindre à Lui ou arriver à lui. Aucun autre que Lui ne se sépare de Lui. Quiconque peut comprendre cela est tout à fait exempt de la grande idolâtrie.

 

La plupart des initiés qui croient connaître leur "proprium" ainsi que leur Seigneur et qui s'imaginent échapper aux liens de l'existence disent que la Voie n'est praticable ou même visible que par "l'extinction de l'existence" et par "l'extinction de cette extinction". Ils ne dogmatisent ainsi que parce qu'ils n'ont point compris la parole du Prophète — qu'Allah prie sur lui et le salue. Comme ils ont voulu remédier à l'idolâtrie qui résulte de la contradiction, ils ont parlé tantôt de "l'extinction", c'est-à-dire celle de l'existence, tantôt de "l'extinction de cette extinction", tantôt de "l'effacement" et tantôt de "la disparition". Mais toutes ces explications reviennent à l'idolâtrie pure et simple, car quiconque avance qu'il existe quoi que ce soit autre que Lui, laquelle chose s'éteint par la suite, ou bien parle de l'extinction de l'extinction de cette chose, un tel homme, disons-nous, se rend coupable d'idolâtrie par son affirmation de l'existence présente ou passée d'un autre que Lui. Qu'Allah — que Son nom soit exalté — les conduise, et nous aussi, dans le vrai chemin.

 

Vers : Tu pensais que étais toi. — Or tu n'es pas et tu n'as jamais existé. — Si tu étais toi, tu serais Le Seigneur, le second de deux ! — Abandonne cette idée. — Car il n'y a aucune différence entre vous deux par rapport à l'existence. — Il ne diffère pas de toi et tu ne diffères pas de Lui. — Si tu dis par ignorance que tu es autre que Lui, — Alors tu es d'un esprit grossier. — Lorsque ton ignorance cesse, tu deviens doux, — Car ton union est ta séparation et ta séparation est ton union. — Ton éloignement est une approche et ton approche est un départ. — C'est ainsi que tu deviens meilleur. — Cesse de faire des raisonnements et comprends par la lumière de l'intuition, — Sans quoi t'échappe ce qui rayonne de Lui. — Garde-toi bien de donner un partenaire quelconque à Allah, — Car alors tu t'avilis, et cela par la honte des idolâtres.

 

Si quelqu'un dit : "Tu prétends que la connaissance de ton "proprium" est la Gnose, c'est-à-dire la connaissance d'Allah — que Son nom soit exalté ; — l'homme est autre qu'Allah, dût-il connaître son "proprium" ; or, celui qui est autre qu'Allah, comment peut-il Le connaître ? Comment peut-il arriver jusqu'à Lui ?", la réponse est : "Qui connaît son "proprium" connaît son Seigneur". Sache que l'existence d'un tel homme n'est ni la sienne, ni celle d'un autre, mais celle d'Allah sans une fusion quelconque de deux existences en une, sans que son existence entre dans Dieu, sorte de Lui, collatère avec Lui ou réside dans Lui. Mais il voit son existence telle qu'elle est. Rien n'est devenu qui n'ait pas existé auparavant, et rien ne cesse d'exister par un effacement, extinction ou extinction d'extinction. L'annihilation d'une chose implique son existence antérieure. Prétendre qu'une chose existe par elle-même signifie croire que cette chose s'est créée elle-même, qu'elle ne doit pas son existence à la puissance d'Allah, ce qui est absurde aux yeux et aux oreilles de tous. Tu dois bien noter que la connaissance que possède celui qui connaît son "proprium", c'est là la connaissance qu'Allah possède de Son "proprium", de Lui-même, car Son "proprium" n'est autre que Lui. Le Prophète — qu'Allah prie sur lui et le salue — a voulu désigner par "proprium" l'existence même. Quiconque est arrivé à cet état d'âme, son extérieur et son intérieur ne sont autres que l'existence d'Allah, la parole d'Allah ; son action est celle d'Allah, et sa prétention de connaître son "proprium" est la prétention à la Gnose, c'est-à-dire à la connaissance parfaite d'Allah. Tu entends sa prétention, tu vois ses actes, et ton regard rencontre un homme qui est autre qu'Allah comme tu te vois toi-même autre qu'Allah, mais cela ne provient pas du fait que tu ne possèdes pas la connaissance de ton "proprium". Donc, si "le Croyant est le miroir du croyant" alors il est Lui-même par sa substance, ou par son œil, c'est-à-dire par son regard. Sa substance ou son œil est la substance ou l'œil d'Allah ; son regard est le regard d'Allah sans aucune spécification. Cet homme n'est pas Lui selon ta vision, ta science, ton avis, ta fantaisie, ou ton rêve, mais il est Lui selon sa vision, sa science et son rêve. S'il dit : "Je suis Allah", écoute-le attentivement, car ce n'est pas lui, mais Allah Lui-même qui par sa bouche prononce les mots : "Je suis Allah". Mais tu n'es pas arrivé au même degré de développement mental que lui. Si tel était le cas, tu comprendrais sa parole, tu dirais comme lui et tu verrais ce qu'il voit.

 

(Le Traité de l'unité attribué à Ibn Arabî - Traduction Abdul-Hâdi / Ivan Agueli, 1911).

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