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La tradition islamique est, en tant que « sceau de la Prophétie », la forme ultime de l’orthodoxie traditionnelle pour le cycle humain actuel. Les formes traditionnelles qui ont précédé la forme islamique (Hindouisme, Taoïsme, Judaïsme, Christianisme,…) sont, dans leurs formulations régulières et orthodoxes, des reflets de la Lumière totale de l’Esprit-universel qui désigne Er-Rûh el-mohammediyah, le principe de la prophétie, salawâtu-Llâh wa salâmu-Hu ‘alayh.

Les Lettres de Moulay al-‘Arabî ad-Darqâwî (13)

Un Texto darqawaExtraits des lettres 32

 

Si tu veux, ô pauvre, que ton vent domine tous les vents et tous les adversaires, reste ferme dans la contemplation de ton Seigneur à l'heure où Il t'éprouve, car Il changera ton ignorance en connaissance, ta faiblesse en force, ton impuissance en puissance, ton indigence en indépendance, ton abaissement en gloire, ton vide en plénitude, ta solitude en intimité, ton éloignement en proximité, - ou nous dirons: Dieu, exalté soit-Il, recouvrira les qualités de Ses qualités, car Il est généreux et dispensateur de grâces immenses. Salut.

Par Dieu, mes frères, je n'ai pas cru qu'un homme de science puisse nier la vision du Prophète (que Dieu le bénisse et lui donne la paix) en état de veille, jusqu'au jour où j'ai rencontré quelques savants dans la mosquée al-Qarawiyin et que je me suis entretenu avec eux à ce sujet. Ils me dirent: "Comment est-ce donc possible de voir le Prophète à l'état de veille, puisqu'il est mort il y a plus de mille deux cents ans ? Il n'est possible de le voir qu'en songe, puisqu'il a dit : Qui me voit, c'est-à-dire en rêve, me voit réellement, car le diable ne peut pas m'imiter." Je leur répondis : "Nécessairement ne peut le voir en état de veille que celui dont l'esprit - ou disons : les pensées - l'ont transporté de ce monde corporel au monde des esprits; là, il le verra sans aucun doute, il y verra tous les amis." Alors ils se turent et ne dirent mot quand je leur dis "En fait, on le voit dans le monde des esprits" ; mais après un certain temps ils me demandèrent : "Explique-nous comment cela se fait".

 

Je leur répondis : "Dites-moi vous mêmes où se situe le monde des esprits par rapport au monde des corps." Ils ne surent que me répondre alors je leur dis : "Là où est le monde des corps, se trouve également le monde des esprits ; là où est le monde de la corruption, est également le monde de la pureté là où est le monde du royaume (mulk), se trouve également le monde de la royauté (malakut) ; là même où sont les mondes inférieurs, se trouvent les mondes supérieurs et la totalité des mondes. On a dit qu'il existe dix mille mondes, chacun comme celui-ci, ainsi qu'il est rapporté dans "L'Ornement des Saints", et tout cela est contenu dans l'homme sans qu'il en soit conscient n'en est conscient que celui que Dieu sanctifie, en recouvrant ses qualités par les Siennes et ses attributs par les Siens. Or, Dieu a sanctifié beaucoup de Ses serviteurs, et Il ne cesse pas de les sanctifier jusqu'à leur fin."

 

Le vénérable maître, le saint Ibn al-Bannâ (que Dieu soit satisfait de lui) dit dans ses "Enquêtes" :

"Comprends, car tu es une copie de l'Existence,

Pour Dieu, de sorte que rien de l'Existence ne te fait défaut.

N’y a-t-il pas en toi le Trône et l'Escabeau

Et le monde supérieur comme le monde inférieur ?

Le cosmos n'est qu'un homme en grand,

Et toi tu es comme le cosmos en petit."

 

Et le vénérable maître, le saint al-Mursi (que Dieu soit satisfait de lui) dit:

"O toi qui erre dans la compréhension de ton propre secret,

Regarde, car tu trouveras en toi l'Existence en sa [totalité

Tu es l'Infini, en tant que Voie et en tant que Vérité

O synthèse du mystère divin dans sa totalité !"

 

Extraits des lettres 33.

 

Si tu veux que ce dont tu as besoin te soit donné sans que tu doives le rechercher, en détourne-toi et concentre-toi sur ton Seigneur ; tu le recevras, si Dieu le veut. Et si tu délaissais tes besoins entièrement et ne t'occupais que de Dieu, Il te donnerait tout ce que tu désires des biens de ce monde-ci et de l'autre ; tu marcherais dans le ciel comme sur terre ; et plus que cela, puisque le Prophète (sur lui la bénédiction et la paix) a dit, en rapportant une parole de son Seigneur (1) : "Celui que Mon souvenir (dhikri) distrait d'une demande, recevra plus que ne reçoivent ceux qui Me demandent".

 

Ecoute, ô faqîr, ce que j'ai dit à l'un de nos frères (que Dieu soit satisfait d'eux) : chaque fois qu'il me fallait quelque chose, grande ou petite, et que je m'en suis détourné en me tournant vers mon Seigneur, je l'ai trouvée devant moi, par la puissance de Celui qui entend et qui connaît. Nous constatons que les besoins des gens du commun sont satisfaits à force de s'en occuper, tandis que les besoins des hommes d'élite sont satisfaits par là même qu'ils s'en détournent et se concentrent sur Dieu. Salut.

 

(1) Hadith qudsî.

 

Extraits des lettres 34

 

Si tu désires t'affranchir de ton âme passionnelle (nafs), rejette ce qu'elle essaye de te suggérer et ne t'occupes point d'elle, car certes, elle ne cessera pas de t'assaillir et ne te laissera pas en paix elle te dira par exemple tu es perdu ! Que ses insinuations ne te troublent ni ne t'effrayent, quoi qu'elle dise, mais restes assis, si tu étais assis, ou debout, si tu étais debout ; continue de dormir, si tu dormais, de manger, si tu mangeais, de boire, si tu buvais, de rire, si tu riais, de prier, si tu priais, ou de réciter, si tu récitais, et ainsi de suite. Ne l'écoutes pas, sauf si elle te dit : tu fais partie des croyants, de ceux qui connaissent Dieu, ou : tu es dans la main de Dieu, et Sa grâce et Sa générosité sont immenses. Car elle ne cessera pas de te harceler avec ses insinuations, tant que tu ne restes impassible comme nous l'indiquions, tout en te conformant à la coutume (sunnah) mohammédienne. Mais si tu lui prêtes l'oreille, elle te dira d'abord : tu es en perte! Puis: tu es un malfaiteur! Et si l'incroyance n'était pas la limite même de l'épreuve, elle te dirait : tu es un incroyant, puis elle augmenterait encore ses accusations...

 

(Moulay al-‘Arabî ad-Darqâwî, Lettres d'un maître soufi le Sheikh al-‘Arabî ad-Darqâwî, traduites de l'Arabe par Titus Burckhardt).

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