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La tradition islamique est, en tant que « sceau de la Prophétie », la forme ultime de l’orthodoxie traditionnelle pour le cycle humain actuel. Les formes traditionnelles qui ont précédé la forme islamique (Hindouisme, Taoïsme, Judaïsme, Christianisme,…) sont, dans leurs formulations régulières et orthodoxes, des reflets de la Lumière totale de l’Esprit-universel qui désigne Er-Rûh el-mohammediyah, le principe de la prophétie, salawâtu-Llâh wa salâmu-Hu ‘alayh.

Michel Vâlsan : La prière pour le pôle (1)

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Allahumma accomplis Ta prière et Ton salut sur notre seigneur Muhammad, la plus parfaite de Tes créatures, le Seigneur du peuple de Ta terre et du peuple de Tes Cieux, la Lumière suprême, le Trésor inviolable (2), la Perle incomparable et le secret épanoui, celui dont on n’a pas conçu un pareil, ni créé un égal !

Et sois satisfait de son Lieutenant à notre époque (3), celui qui est de l’espèce habitant le « monde de l’Homme » (4), l’Esprit incarné et l’Unique-multiple, l’Argument d’Allâh dans les sentences et le Préposé d’Allâh entre Ses créatures et l’Exécuteur de Ses commandements parmi celles-ci par Sa justice, celui qui fait aux mondes grâce de sa spiritualité et qui les comble de la lumière de son rayonnement, celui qu’Allâh créa à Son image (5), et envers lequel Il a fait prêter témoignage aux esprits de Ses anges (6), celui qu’Il a choisi dans ce temps afin qu’il soit une sécurité pour les mondes (7), celui qui est le Pôle de la sphère de l’Existence et le Réceptacle de l’Ouïe et de la Vue (8), de sorte que pas un atome ne bouge dans le cosmos si ce n’est par sa Science et ne s’arrête si ce n’est pas sa Décision, car il est la manifestation de la Vérité (9) et la mine de la Justice (10) !

Allahumma fais arriver mon salut à lui et fais-moi parvenir devant lui ! Répands sur moi de ses grâces et veille sur moi par sa diligence. Insuffle en moi de son Esprit afin que je sois vivifié par son Souffle et que je scrute mon essence intime en mode analytique, pour connaître ainsi le beaucoup et le peu, et pour voir mes mondes cachés se manifester par mes formes spirituelles variant avec la diversité des plans d’existence, de sorte que je réalise la synthèse du Premier et du Dernier, de l’Intérieur et de l’Extérieur (11), et que je sois avec Allâh perdu en adoration entre Ses attributs et Ses actes, sans que mon être conserve quelque chose de soi-même, ni de part attribuée, et qu’ainsi dans tout état je l’adore par lui, ou plutôt par la force et la vertu du Seigneur de la Majesté et de la Générosité (12).

Allahumma, ô Toi qui « rassemble les hommes au Jour sur lequel il n’y a pas de doute » (13), rassemble-moi « par lui », « avec lui » et « en lui », de sorte que je ne m’en sépare plus dans les deux « demeures » (14), et que je ne m’en détache plus dans les deux « états » (15), et même que je sois comme si j’étais lui, pour toute affaire dont il sera averti, mais cela par voie d’obéissance et d’apprentissage, et non pas par voie d’émulation ou de rivalité !

Et je Te prie par Tes Excellents Noms qui exaucent les prières, de m’accorder cela par une faveur agréable ! Ne me fais pas retourner de Toi, déçu, ni de celui qui est ton Vicaire, car Tu es le Riche, le Généreux, alors que je suis le serviteur, l’inexistant !

Et qu’Allâh prie sur notre Seigneur Muhammad et sur toute sa Famille et tous ses Compagnons ! « Et louange à Allâh le Seigneur des Mondes » (16) !

(1) Cette prière s’appelle en arabe as-Salât al-Akbariyyah, c’est-à-dire la prière du plus grand des Maîtres spirituels, d’après le surnom de Muhy-d-Dîn Ibn ‘Arabî (Ash-Sheikh al-Akbar).

(2) Sur cette épithète voir la note 10 de la « Prière sur le Prophète », mais ici elle est appliquée au Prophète même.

[note 10 de la « Prière sur le Prophète » : La Fâtihah « celle qui ouvre » le Coran est un des symboles du Prophète. Le nom du Trésor se rapporte au hadîth qudsî, « J’étais un Trésor caché ; Je n’étais point connu. Or J’aimai à être connu ; alors Je produisis une Création aux êtres de laquelle Je me rendis connu, en sorte que par Moi ils M’ont connu » – « kuntu kanzan makhfiyan lam u’raf fa’ahbabtu an u’raf fa-khalaqtu-l-khalq khalqan wa-ta’arraftu ilayhim fabî ‘arafûnî ».

‘Abd al-Ghanî an-Nabulusî observe que le mot fabî, qui se traduit « en sorte que par Moi », a pour valeur numérale 92 comme le nom de Muhammad (fâ’+bâ’+yâ’=80+2+10). Ceci signifie que le Prophète constitue dans son aspect profond la manifestation de Divinité.]

(3) Le Lieutenant du Prophète est le Pôle de la tradition islamique. Mais comme [on le verra] mieux plus loin, ce texte s’applique d’une façon plus appropriée au Pôle de la Tradition primordiale et unanime, car le Prophète lui-même est conçu dans son aspect universel et intemporel.

Le pôle est le détenteur du Grand Talisman, at-Tillasm al-A’zam, de la Divinité, ce qui contient une référence expresse au Trésor inviolable, al-Kanz al-Mutalsam (les mots tilasm et mutalsam sont de la même racine).

On peut remarquer que l’idée d’ « inviolabilité » se trouve aussi dans le nom d’Agarttha, ainsi que dans les désignations de la Mekke comme al-Balad al-Amîn, le « Pays de la sécurité » ou al-Balad al-Harâm, le « Pays sacré » et d’autres semblables. La même idée réside dans la désignation de la Ka’aba de la Mekke comme al-Masjid al-Harâm « la Mosquée Sacrée ». Or il est dit que le Pôle de la tradition islamique est situé symboliquement au-dessus de la Ka’aba.

D’autre part le Coran parle (sourate du Voyage nocturne, 17, 1) du voyage du Prophète de la Mosquée Sacrée à la Mosquée Éloignée – qui d’après l’interprétation habituelle sont respectivement la Ka’aba de la Mekke et le Temple de Jérusalem, – Il est permis de considérer ce voyage initiatique dans son aspect « fonctionnel », – ce qui n’exclut pas les autres interprétations faites à d’autres points de vue (Cf. la note 30 de la « Prière sur le Prophète ») – comme étant le voyage du Pôle de l’Islam vers le Pôle Suprême de la Tradition primordiale et de toutes les traditions particulières, dont il reçoit par délégation son pouvoir. Mais pour écarter toute apparence de contradiction, il est utile de préciser que ces deux fonctions, situées dans le monde humain, ne sont l’une et l’autre que des particularisations à des degrés différents du principe cosmique universel qui formule la Loi, et qui est un des aspects du Prophète conçu dans sa fonction universelle. C’est en vertu de leur participation à la réalité suprême que le Pôle de la Tradition primordiale et unanime, et par suite celui de l’Islam en tant que « forme particulière » de cette tradition, peuvent le représenter en rapport avec des cycles plus restreints. Pour nous servir à cet égard d’une analogie, nous dirons que, tandis que Muhammad (le nom terrestre du Prophète) n’est que l’individualité contingente et limitée par des conditions particulières à la fin du cycle humain, et que Mahmûd (le nom paradisiaque) est l’individualité dans toute son ampleur, enveloppant la totalité de ce cycle, Ahmad (le nom céleste) est la réalité universelle qui enveloppe les deux autres et tous les cycles particuliers, humains ou non-humains, individuels ou supra-individuels ; et le fait que ces trois noms proviennent de la même racine H M D qui contient l’idée de « glorification » exprimée à des degrés successifs de réalisation, est de nature à faire comprendre la réalité unique et indissoluble de cette apparente pluralité. Analogiquement, la pluralité des centres spirituels se réduit à l’unité de leur principe premier actualisé dans chacun d’eux à des degrés différents.

(4) L’expression ‘âlam al-Insân est l’équivalent textuel du terme sanscrit mânava-loka qui désigne le domaine de l’existence de l’homme, où se situe la fonction du Manu.

La précision que le Pôle est un être qui appartient à ce monde est faite pour distinguer entre le principe non-humain permanent qui le constitue et le support de cette fonction qui est humain et qui comporte même des changements de personne comme toute autre fonction traditionnelle.

(5) C’est l’application au Pôle du hadîth : « Allâh créa Adam à Son image – khalaqa-Llâh âdama ‘alâ sûrati-Hi » ou d’après une variante : « à l’image d’ar-Rahmân – ‘alâ sûrati-r-rahmân).

(6) Application au Pôle de l’acte d’hommage accompli par les Anges devant Adam (cf. Coran, 2, 28-32).

(7) Le terme amân, « sécurité », est ici un équivalent de l’épithète ghawth, « secours », qu’on donne au Pôle en tant qu’on a recours à son assistance.

(8) Ce sont l’Ouïe et la Vue divines.

(9) Le nom al-Haqq, « la vérité », est un des noms de la Divinité.

(10) On peut distinguer dans tout ce passage les attributs purement principiels, de ceux exclusivement spirituels ou temporels.

(11) Ce sont des couples coraniques de noms divins.

(12) A ces deux attributs divins correspondent les deux fonctions distinctives et complémentaires de Rigueur et de Miséricorde du Pôle dans toutes les traditions.

(13) Coran 3, 7.

(14) La demeure d’ici-bas et de la vie future.

(15) Ce sont les états correspondant aux deux « demeures ».

(16) Coran 37, 82.

[N.B. : Les mots entre crochets qui figurent dans les notes sont le fruit de quelques corrections de détail effectuées par C.A. Gilis à l’époque de sa publication dans les E .T.]

(Michel Vâlsan, La prière pour le pôle, Études Traditionnelles, n° 449 Juil.-Août-Sept. 1975, p. 97).

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T
ceci est tres bien our les musulmans
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