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La tradition islamique est, en tant que « sceau de la Prophétie », la forme ultime de l’orthodoxie traditionnelle pour le cycle humain actuel. Les formes traditionnelles qui ont précédé la forme islamique (Hindouisme, Taoïsme, Judaïsme, Christianisme,…) sont, dans leurs formulations régulières et orthodoxes, des reflets de la Lumière totale de l’Esprit-universel qui désigne Er-Rûh el-mohammediyah, le principe de la prophétie, salawâtu-Llâh wa salâmu-Hu ‘alayh.

RENE GUENON : LE DEMIURGE (4)

GNOSE.JPGTous les éléments de la Création, c’est-à-dire les créatures, sont donc contenues dans le Démiurge lui-même, et en effet il ne peut les tirer que de lui-même, puisque la création ex nihilo est impossible. Considéré comme Créateur, le Démiurge produit d’abord la division, et il n’en est point réellement distinct, puisqu’il n’existe qu’autant que la division elle-même existe ; puis, comme la division est la source de l’existence individuelle, et que celle-ci est définie par la forme, le démiurge doit être envisagé comme formateur et alors il est identique à l’Adam Protoplastes, ainsi que nous l’avons vu. On peut encore dire que le Démiurge crée la Matière, en entendant par ce mot le chaos primordial qui est le réservoir commun de toutes les formes ; puis il organise cette Matière chaotique et ténébreuse où règne la confusion, en en faisant sortir les formes multiples dont l’ensemble constitue la Création.

 

Doit-on dire maintenant que cette Création soit imparfaite ? On ne peut assurément pas la considérer comme parfaite ; mais, si l’on se place au point de vue universel, elle n’est qu’un des éléments constitutifs de la Perfection totale. Elle n’est imparfaite que si on la considère analytiquement comme séparée de son Principe, et c’est d’ailleurs dans la même mesure qu’elle est le domaine du Démiurge ; mais, si l’imparfait n’est qu’un élément du Parfait, il n’est pas vraiment imparfait, et il résulte de là qu’en réalité le Démiurge et son domaine n’existent pas au point de vue universel, pas plus que la distinction du Bien et du Mal. Il en résulte également que, au même point de vue, la Matière n’existe pas : l’apparence matérielle n’est qu’illusion, d’où il ne faudrait d’ailleurs pas conclure que les êtres qui ont cette apparence n’existent pas, car ce serait tomber dans une autre illusion, qui est celle d’un idéalisme exagéré et mal compris.

 

Si la Matière n’existe pas, la distinction de l’Esprit et de la Matière disparaît par là même ; tout doit être Esprit en réalité, mais en entendant ce mot dans un sens tout différent de celui que lui ont attribué la plupart des philosophes modernes. Ceux-ci, en effet, tout en opposant l’Esprit à la Matière, ne le considèrent point comme indépendant de toute forme, et l’on peut alors se demander en quoi il se différencie de la Matière ; si l’on dit qu’il est inétendu, peut-il être revêtu d’une forme ? D’ailleurs, pourquoi vouloir définir l’Esprit ? Que ce soit par la pensée ou autrement, c’est toujours par une forme qu’on cherche à le définir, et alors il n’est plus l’Esprit. En réalité, l’Esprit universel est l’Être, et non tel ou tel être particulier ; mais il est le Principe de tous les êtres, et ainsi il les contient tous ; c’est pourquoi tout est Esprit.

 

Lorsque l’homme parvient à la connaissance réelle de cette vérité, il identifie lui-même et toutes choses à l’Esprit universel, alors toute distinction disparaît pour lui, de telle sorte qu’il contemple toutes choses comme étant en lui-même, et non plus comme extérieures, car l’illusion s’évanouit devant la Vérité comme l’ombre devant le soleil. Ainsi, par cette connaissance même, l’homme est affranchi des liens de la Matière et de l’existence individuelle, il n’est plus soumis à la domination du Prince de ce Monde, il n’appartient plus à l’Empire du Démiurge.

 

(René Guénon, Le démiurge, Revue la Gnose, nov.1909, pseudonyme : Palingénius)

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