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La tradition islamique est, en tant que « sceau de la Prophétie », la forme ultime de l’orthodoxie traditionnelle pour le cycle humain actuel. Les formes traditionnelles qui ont précédé la forme islamique (Hindouisme, Taoïsme, Judaïsme, Christianisme,…) sont, dans leurs formulations régulières et orthodoxes, des reflets de la Lumière totale de l’Esprit-universel qui désigne Er-Rûh el-mohammediyah, le principe de la prophétie, salawâtu-Llâh wa salâmu-Hu ‘alayh.

René Guénon : Théosophie et Théosophisme (2 et fin)

Theosophisme.jpgQuoi qu’il en soit de ce dernier point, nous pouvons dès maintenant déclarer nettement qu’entre la doctrine de la Société Théosophique, ou du moins ce qui lui tient lieu de doctrine, et la théosophie au sens véritable de ce mot, il n’y a absolument aucune filiation, même simplement idéale.

On doit donc rejeter comme chimériques les affirmations qui tendent à présenter cette Société comme la continuatrice d’autres associations telles que la « Société Philadelphienne » qui exista à Londres vers la fin du XVIIe siècle (3), et à laquelle on prétend qu’appartint Isaac Newton, ou que la

« Confrérie des Amis de Dieu » qu’on dit avoir été instituée en Allemagne, au XIVe siècle, par le mystique Jean Tauler, en qui certains ont voulu, nous ne savons trop pourquoi, voir un précurseur de Luther (4). Ces affirmations sont peut-être encore moins fondées, et ce n’est pas peu dire, que celles par lesquelles les théosophistes essaient de se rattacher aux néo-platoniciens (5), sous prétexte que Mme Blavatsky a effectivement adopté quelques théories fragmentaires de ces philosophes, sans d’ailleurs se les être vraiment assimilées.

Les doctrines, toutes modernes en réalité, que professe la Société Théosophique, sont si différentes, sous presque tous les rapports, de celles auxquelles s’applique légitimement le nom de théosophie, qu’on ne saurait confondre les unes et les autres que par mauvaise foi ou par ignorance : mauvaise foi chez les chefs de la Société, ignorance chez la plupart de ceux qui les suivent, et aussi, il faut bien le dire, chez certains de leurs adversaires, qui, insuffisamment informés, commettent la faute grave de prendre leurs assertions au sérieux, et de croire par exemple qu’ils représentent une tradition orientale authentique, alors qu’il n’en est rien. La Société Théosophique, comme on le verra, ne doit même son appellation qu’à des circonstances tout accidentelles, sans lesquelles elle aurait reçu une tout autre dénomination ; aussi ses membres ne sont-ils nullement des théosophes, mais ils sont, si l’on veut, des « théosophistes ». Du reste, la distinction entre ces deux termes « theosophers » et « theosophists » est presque toujours faite en anglais, où le mot « theosophism », pour désigner la doctrine de cette Société, est aussi d’un usage courant ; elle nous paraît assez importante pour qu’il soit nécessaire de la maintenir également en français, malgré ce qu’elle peut y avoir d’inusité, et c’est pourquoi nous avons tenu à donner avant tout les raisons pour lesquelles il y a là plus qu’une simple question de mots.

 

Nous avons parlé comme s’il y avait véritablement une doctrine théosophiste ; mais, à vrai dire, si l’on prend ce mot de doctrine dans son sens le plus strict, ou même si l’on veut simplement désigner par là quelque chose de solide et de bien défini, il faut convenir qu’il n’y en a point.

Ce que les théosophistes présentent comme leur doctrine apparaît, à un examen un peu sérieux, comme rempli de contradictions ; de plus, d’un auteur à l’autre, et parfois chez un même auteur, il y a des variations considérables, même sur des points qui sont regardés comme les plus importants.

On peut surtout, sous ce rapport, distinguer deux périodes principales, correspondant à la direction de Mme Blavatsky et à celle de Mme Besant ; Il est vrai que les théosophistes actuels essaient fréquemment de dissimuler les contradictions en interprétant à leur façon la pensée de leur fondatrice et en prétendant qu’on l’avait mal comprise au début, mais le désaccord n’en est pas moins réel. On comprendra sans peine que l’étude de théories aussi inconsistantes ne puisse guère être séparée de l’histoire même de la Société Théosophique ; c’est pourquoi nous n’avons pas jugé, à propos de faire dans cet ouvrage deux parties distinctes, l’une historique et l’autre doctrinale, comme il aurait été naturel de le faire en toute autre circonstance.

 

(3) La Clef de la Théosophie, par H. P. Blavatsky, p. 25 de la traduction française de Mme H. de Neufville – C’est toujours à cette traduction que nous renverrons pour les citations que nous aurons à faire de est ouvrage.

(4) Modern World Movements, par le Dr J. D. Buck : Life and Action, de Chicago, mai-juin 1913.

(5) La Clef de la Théosophie, pp. 4-13.

 

(René Guénon, La Théosophisme, histoire d’une pseudo-religion, Avant-propos : Théosophie et Théosophisme)

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