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esprit-universel.overblog.com

La tradition islamique est, en tant que « sceau de la Prophétie », la forme ultime de l’orthodoxie traditionnelle pour le cycle humain actuel. Les formes traditionnelles qui ont précédé la forme islamique (Hindouisme, Taoïsme, Judaïsme, Christianisme,…) sont, dans leurs formulations régulières et orthodoxes, des reflets de la Lumière totale de l’Esprit-universel qui désigne Er-Rûh el-mohammediyah, le principe de la prophétie, salawâtu-Llâh wa salâmu-Hu ‘alayh.

Ibn ‘Arabî - Principe du renouvellement de la création à tout instant.

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Sache que l’idée d’un « renouvellement de l’anéanti » [tajdîd al-ma’dûm] n’est applicable qu’à l’ « anéantissement relatif » (ma’dûm idâfî) ; par exemple, l’ « anéantissement » de Zayd dans la maison à laquelle il retourne après en avoir été absent signifie simplement qu’il n’y était pas présent (ma’dûm) parce qu’il se trouvait (wujûd) au marché. Le Très-Haut a dit au sujet de cette Station : « Aucun rappel nouveau (muhdath) ne leur vient de la part de leur Seigneur… » (Cor.21.2) car un tel rappel n’est « nouveau » que pour eux, et non dans son essence [‘aynu-Hu]. La question se pose plutôt pour les éléments accidentels (a’râd) : est-ce qu’ils reviennent eux-mêmes après avoir disparu, ou s’agit-il uniquement d’éléments semblables ? La raison humaine [an-nadhar al-‘aqlî] peut admettre la possibilité d’un tel « retour ». Prenons l’exemple d’un mouvement : celui qui l’exerce peut s’arrêter de sorte que l’objet mis en mouvement s’immobilise. Il peut se faire ensuite que ce même objet soit remis en mouvement et que ce second mouvement soit considéré (par la raison) comme l’ « essence » (c’est-à-dire la « reprise ») du « premier » (1) à nouveau existencié par Dieu [awjadahâ-l-Haqq] après sa cessation, ou après le temps de sa cessation, en le créant (au besoin) dans un autre support « moteur ». La raison peut considérer qu’il y a là un « renouvellement » (tajdîd) de l’existence de ce mouvement et que celui-ci est qualifié par l’existence à une ou plusieurs reprises ; mais il ne peut en être ainsi pour le dévoilement intuitif du fait de l’ampleur (inhérente à la Toute-Possibilité) divine (ittisâ’) (2). Rien n’est jamais « répété » véritablement ; tout est dans une « création nouvelle » (3), non dans un renouvellement. Lorsqu’on applique le terme « renouvellement » à ce qui est en réalité « nouveau », la force de ressemblance (de la création « nouvelle » avec la création « première ») rend difficile leur distinction et leur séparation l’une de l’autre. On s’imagine alors, du fait que cette possibilité existe pour la raison humaine, qu’il s’agit de l’essence même de ce qui a été « anéanti » et que Dieu en aurait renouvelé l’existence [jaddada-l-Haqq ‘alayhi-l-wujûd]. Pourtant, on appelle (en arabe) la nuit et le jour les « deux nouveaux » (al-jadîdân) et non les deux qui auraient été « renouvelé », car le samedi n’est pas dimanche ; et il n’est pas non plus le samedi de la semaine suivante, ni du mois, ni de l’année suivante. L’unité qui figure dans le nombre onze, composé de dix et de un, n’est pas l’unité qui figure au début de la série des nombres entiers, de même que la dizaine complémentaire n’est pas celle qui figure à sa fin. Lorsqu’apparaît le nombre composé, il s’agit d’une unité « semblable » à la première unité et d’une dizaine « semblable » à la première dizaine. Le nombre composé manifeste une réalité essentielle (haqîqa) unique qui est ici la « qualité de onze » (4). De même, l’unité dans les nombres vingt et un, trente et un et autres nombres composés n’est pas la même d’un nombre à l’autre, et ce n’est pas non plus l’unité simple combinée avec l’ordre des dizaines. Les nombres onze, vingt et un, cent un, mille un – de même que tout nombre auquel l’unité est rajoutée de cette manière – ne sont pas des nombres composés de deux éléments, mais sont une essence unique, une réalité principielle unique. Saisis bien cela, car il s’agit d’une science utile dans le domaine métaphysique (al-ilâhiyyât), en particulier lorsqu’il s’agit des noms et des attributs [as-sifât] qui se rapportent à l’Essence [adh-dhât], car ce que l’on comprend sous tel aspect n’est pas la même chose que ce que l’on comprend sous tel autre (bien qu’il s’agisse d’une Essence unique). Par là tu peux comprendre « Qui » se révèle (en réalité) à toi en toute manifestation théophanique. C’est d’ailleurs pourquoi certains Initiés détenteurs de « goûts spirituels » [at-tâ’ifah min ahli-l-adhwâq] déclarent qu’ « Allâh ne Se manifeste [tajallâ] dans une forme unique, ni deux fois (successivement), ni à deux personnes différentes (simultanément) » car « Il est chaque jour… » d’entre les jours de Ses respirations qui sont les plus courts de tous les jours (5) « … (occupé) à quelque œuvre » (Cor.55.29) ; ou plutôt Il est dans ses œuvres mêmes, en dépit de leur multiplicité. Celui qui connaît l’ « ampleur » (sa’t) d’Allâh connaît aussi l’ampleur de Sa miséricorde. Il ne la soumet à aucune restriction ; Il ne réduit pas son application à tel être existencié au détriment de tel autre (6).

(1) Par exemple s’il est produit pour atteindre le même but.
(2) Mot de la même racine que wâsi’.
(3) Khalq jadîd (expression coranique).
(4) Pour ce nombre, il n’existe pas de terme semblable à ceux de dualité pour le nombre 2 et de triplicité pour le nombre 3.
(5) Allusion à la doctrine de la « respiration du Tout-Miséricordieux » (nafas ar-Rahmân).
(6) Puisqu’il s’agit en l’occurrence du renouvellement de la création toute entière.

 

[Ibn ‘Arabî, Futûhât chap.334 : fî ma’rifat manzil tajdîd al-ma’dûm wa huwa mina-l-hadrah al-musawiyah, « De la connaissance de la Demeure du « renouvellement de l’anéanti » et cela fait partie la Présence moïsiaque ». Extrait correspondant au premier paragraphe après le poème introductif traduit et noté par Charles-André Gilis dans le chap.II de Qâf et les mystères du Coran Glorieux, p.20-23. Ce qui est entre crochets […] ne faisait pas partie de la traduction originale]

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