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La tradition islamique est, en tant que « sceau de la Prophétie », la forme ultime de l’orthodoxie traditionnelle pour le cycle humain actuel. Les formes traditionnelles qui ont précédé la forme islamique (Hindouisme, Taoïsme, Judaïsme, Christianisme,…) sont, dans leurs formulations régulières et orthodoxes, des reflets de la Lumière totale de l’Esprit-universel qui désigne Er-Rûh el-mohammediyah, le principe de la prophétie, salawâtu-Llâh wa salâmu-Hu ‘alayh.

IBN ARABI : Le Livre des Conseils - Kitab al-Wasâyâ (14).

fes-riad.jpgRecommandation 13b : Met en pratique les recommandations d’un savant même quand il ne les suit pas.

 

S’agissant du deuxième pilier de cette bâtisse des discordes et des épreuves, à savoir l’autorité qu’on exprime généralement par le commandement, ceux qui ne possèdent pas la science appropriée à ce sujet parmi les gens de cette voie disent ceci : La dernière chose qui quitte les coeurs des justes c’est l’amour du commandement. Or ceux qui possèdent la connaissance parmi les adeptes de cette formule n’affirment pas cela selon ce que comprend l’homme du commun parmi les gens de cette voie. Ainsi, ce que nous voulons expliciter à ce propos relève de la perfection que recherchent à ce sujet les amis de Dieu, à savoir que Dieu a enfoui beaucoup de choses dans l’âme de l’homme : « Dieu peut dévoiler ce qui est celé dans les cieux et sur terre et sait ce que vous dissimulez aussi bien que ce que vous divulguez » (Coran, 27 /25), c'est-à-dire ce qui se manifeste en vous et ce qui est dissimulé, que vous ignorez vous-mêmes en vous, comme dans le cas de la personne chez laquelle le médecin voit, comme souffrance, ce que le malade lui-même ignore et ne ressent pas intérieurement. Il en va de même de ce que Dieu a caché dans les âmes des créatures. N’as-tu pas vu que le Prophète – qu’Allah prie sur lui et le salue ! - a dit : « Celui qui connaît son âme connaît son Seigneur », car ce n’est pas n’importe qui connaît son âme, bien que son âme soit sa réalité concrète et rien d’autre. Ainsi, Dieu ne cesse de sortir, de l’âme de l’homme, ce qu’Il y a enfoui et Il le lui fait voir. Et l’homme sait alors sur son âme ce qu’il ne savait pas auparavant.

 

Voilà pourquoi les gens de cette connaissance disent pour la plupart : « La dernière chose qui quitte le coeur des justes c’est l’amour du commandement ». Donc, cela apparaît pour eux lorsqu’il se manifeste, et ils aiment le commandement par un amour qui est tout autre que l’amour des gens du commun pour l’autorité, car ils l’aiment en vertu de ce que Dieu dit sur eux, à savoir qu’Il est leur ouïe et leur vue et Il a mentionné à ce propos tous leurs organes et leurs facultés. S’ils sont de la sorte, ils n’aiment le commandement qu’en vertu de l’amour de Dieu pour lui dans la mesure où il a la primauté. En effet, à Dieu appartient le commandement du monde. C’est que le commandement du monde n’est apprécié et aimé que par son Maître, car les gens du monde sont Ses sujets et le maître ne l’est que par le sujet sur le plan de l’effectivité et de l’appréciation. Donc son amour pour le sujet est plus intense parce que c’est lui qui rend son commandement effectif. En somme, personne n’est plus amoureux que le roi dans son royaume parce que c’est son royaume qui le rend maître effectif et lui fait garder son nom de roi. Voilà la signification de l’expression : « La dernière chose qui quitte les coeurs des justes, c’est l’amour du commandement » qu’ils voient et éprouvent par le goût spirituel, et non pas du fait qu’il quitte leurs coeurs de telle sorte qu’ils n’aiment plus le commandement. En effet s’ils n’aiment plus le commandement, ils n’acquièrent plus la science qu’il implique selon la forme dans laquelle Dieu les a créés conformément à la Parole du Prophète – qu’Allah prie sur lui et le salue ! - : « Dieu a créé Adam à Son image » selon certaines interprétations et implications de cette Tradition. Sache-le donc.

 

Cela dit, le commandement, c’est l’accomplissement de la parole et il n’y a pas de parole plus performante que la Parole Divine : « Lorsqu’Il veut une chose, il Lui suffit de lui intimer : « Sois ! Pour qu’elle voie le jour » (Coran, 36/82). Ainsi, le plus grand pouvoir est celui de l’homme dont l’autorité provient de Dieu, car Dieu est à l’origine des puissances de ce serviteur, lequel constate cela tout en gardant son essence concrète et il sait alors qu’il est l’exemple inimitable car c’est un serviteur-seigneur tandis que Dieu – qu’Il soit exalté et magnifié – est un Seigneur non un serviteur. Ainsi, ce serviteur bénéficie de la globalité tandis que Dieu a en propre la singularité.

 

S’agissant du troisième pilier, c’est l’argent (al-mal) et il n’a reçu ce nom que par ce qu’on s’incline vers lui par nature. En effet Dieu a éprouvé Ses serviteurs par ce bien en rendant la réalisation de certaines choses dépendantes de son existence et en attachant les coeurs des hommes à l’amour du propriétaire de l’argent et à sa considération, même s’il est avare. En effet les yeux le regardent avec vénération pour faire croire aux âmes qu’il est indépendant en raison de ce qu’il possède comme biens. Il arrive pourtant que le propriétaire des biens soit le plus indigent envers les hommes pour ce qui est de son âme et ne trouve pas en lui-même la suffisance et le contentement de ce qu’il a. C’est pourquoi il cherche le surplus par rapport à ce qu’il possède déjà. Mais comme les gens du monde ont vu l’inclination des coeurs vers le propriétaire des biens, ils ont aimés les biens. Aussi, ceux qui possèdent la connaissance ont recherché un aspect divin par lequel ils aiment l’argent et les biens, car leur amour est inéluctable et c’est là l’objet de la séduction et des épreuves qui génèrent l’errance et la guidance.

 

Quant à ceux qui possèdent la connaissance spirituelle, ils ont regardé des choses divines dont la Parole de Dieu – qu’Il soit exalté - : « Et consentez à Dieu un prêt gracieux » (Coran, 74/20) où Il ne s’adresse qu’à des gens sérieux. Ils ont donc aimé être du nombre de ceux auxquels s’adresse ce discours afin qu’ils l’écoutent et le goûtent avec beaucoup de plaisir partout où ils se retrouvent. Ainsi, lorsqu’ils Lui font un prêt et voient que l’aumône tombe dans les mains du Miséricordieux, ils obtiennent grâce à l’argent qu’ils donnent, l’honneur de le remettre dans la main de Dieu et la gratification pour l’avoir remis directement.

 

Il faut savoir que Dieu a honoré Adam en disant : « Celui que J’ai créé de Ma Main » (Coran, 38/75). Or celui qu’Il comble pour lui avoir demandé un prêt est plus parfait dans l’appréciation de l’honneur que celui qu’Il a créé de Sa main. C’est dire que sans cet argent et ces biens, ils n’écouteraient pas et ne mériteraient pas d’être les destinataires de ce Discours divin et ils n’obtiendraient pas, grâce à ce prêt, cette réception Seigneuriale, car cela couvre tout ce qui a trait au rapprochement de Dieu. Dieu les a donc éprouvés par l’argent, puis Il a les éprouvés encore, en leur demandant, en se plaçant au niveau de Ses serviteurs nécessiteux qui s’adressent aux gens fortunés en disant dans le Hadith déjà évoqué : « Ô Mon serviteur ! Je t’ai demandé de Me nourrir, et tu ne M’as pas nourri, je t’ai demandé de Me donner à boire et tu ne M’as pas abreuvé ! ». Ainsi, selon cette vision, l’amour de l’argent et des biens constitue pour eux une épreuve et une guidance vers cela.

 

Quant à l’épreuve de l’enfant, c’est parce qu’il est le secret de son père, la chair de sa chair et la chose la plus collée à lui. Donc son amour c’est l’amour de la chose elle-même. Or rien n’est plus cher pour une chose qu’elle-même. Dieu l’a donc éprouvé par lui-même avec une forme qui lui est extérieure et qu’Il a appelée enfant pour voir si le fait de le regarder va ou non le voiler par rapport aux devoirs que Dieu lui a imposé, conformément à la Parole de l’Envoyé de Dieu – qu’Allah prie sur lui et le salue ! - à l’endroit de sa fille Fatima malgré la place qu’elle occupe dans son coeur et que personne n’ignore : « Si Fatima Bint (la fille de) de Muhammad volait, je lui amputerais sa main ». De même, Omar Ibn al-Khattab a ordonné la flagellation de son fils jusqu'à la mort pour avoir forniqué et il resta serein. De leur côté, Mâ’iz et la femme qui a forniqué avec lui, ont offert leur âme généreusement en subissant la peine légale au point que l’Envoyé de Dieu – qu’Allah prie sur lui et le salue ! -  a dit sur leur repentance : « Si on distribuait leur repentance entre les membres de la communauté entière, elle leur suffirait ». Du reste, quelle repentance est plus grande que celle d’avoir offert généreusement leurs âmes. Cela dit, la générosité consistant à se contraindre à appliquer le droit désagréable à l’encontre de son propre enfant est plus dure dans l’épreuve, surtout lorsqu’on sait que Dieu dit sur le père qui perd son enfant : « Je n’ai d’autre rétribution pour Mon serviteur à qui Je ravis l’âme de son cher enfant, du milieu des gens du bas-monde, que le Paradis ». C'est dire que celui qui maîtrise ces piliers qui sont parmi les plus grandes tentations et les plus dures épreuves et préfère l’auguste Face de Dieu en ne considérant qu’elle dans cette affaire, voilà l’homme qui n’a pas d’égal dans son espèce.

 

Je te recommande aussi de ne pas dormir avant d’avoir observé une prière witr (avec un nombre impair de Rak‘ât ) parce que Dieu ravit l’âme de l’homme endormi dans la forme où il se voit lui-même en rêvant : si le terme de sa vie n’est pas arrivé, Il lui rend son âme sinon, Il la retient. La précaution pour l’homme sérieux consiste à ne pas dormir avant d’accomplir une prière witr. Il s’endort ainsi dans un état et avec une oeuvre aimés de Dieu, car Il est rapporté dans une Tradition authentique que : « Dieu est Impair (witr) et Il aime ce qui est impair », ainsi, il ne fait que s’aimer lui-même. Du reste, quelle considération et quelle proximité plus grande que d’être rehaussé par Dieu à Son niveau dans Son amour, pour toi, si tu fais partie de ceux qui pratiquent le witr dans toutes tes oeuvres qui impliquent le nombre et la quantité ? D’autant plus que Dieu – qu’Il soit exalté – t’a ordonné, par la bouche de l’Envoyé de Dieu – qu’Allah prie sur lui et le salue ! - en disant : « Pratiquez le witr, ô gens (adeptes) du Coran ! » Or, les gens du Coran sont les gens de Dieu et Son élite. Il en va de même lorsque tu mets du khôl, en enduisant chaque oeil une fois ou trois fois car chaque oeil est un organe autonome. Il en va de même lorsque tu manges, ne retire pas ta main avant une bouchée impaire (witr). De même, lorsque tu bois l’eau, fais de sorte que tes

gorgées soient witr. Et lorsque tu as le hoquet, bois sept gorgées d’eau et le hoquet te quittera. C’est quelque chose que j’ai expérimenté personnellement. Lorsque tu respires en buvant, respire trois fois, tout en éloignant le récipient au moment de respirer. Et c’est ce que l’Envoyé de Dieu – qu’Allah prie sur lui et le salue ! - t’ordonne de faire car c’est plus sain, plus agréable et plus étanchant. Et lorsque tu prononces un mot pour le faire comprendre à celui qui écoute, répète-le trois fois, pour qu’on te comprenne. Car c’est ce que l’Envoyé de Dieu – qu’Allah prie sur lui et le salue ! -  faisait. En effet je ne te recommande que ce qui relève habituellement de la loi divine immuable.

 

C’est cela la conformité que Dieu – qu’Il soit exalté – t’ordonne de pratiquer dans le Coran. En effet, Il a dit : « Dis-leur : Si vous aimez Dieu, conformez-vous à moi ; Dieu vous aimera » (Coran, 3/31). Il s’agit là de l’amour par récompense. Quant au premier amour qui n’est pas une récompense, c’est l’amour que Dieu te donne pour te conformer et pour suivre. Ainsi, Dieu a placé ton amour entre deux amours divins : un amour offert par générosité et un amour par récompense, de telle sorte que l’amour entre toi et Dieu est devenu un witr : un amour offert par générosité et c’est le succès que Dieu t’accorde pour te conformer et suivre (l’Envoyé), puis ton amour pour Dieu, et enfin Son amour pour toi comme récompense pour avoir suivi ce qu’Il a prescrit pour toi : « Vous avez dans l’Envoyé de Dieu un bel exemple pour ceux qui placent leur espoir en Dieu et dans le jour dernier » (Coran, 33/21). Par ce verset, l’infaillibilité de l’Envoyé de Dieu – qu’Allah prie sur lui et le salue ! -  est confirmée, car s’il n’était pas infaillible, le prendre pour modèle et se conformer (à sa sunna) serait sans fondement. Aussi, nous conformons-nous, au modèle de l’Envoyé de Dieu – qu’Allah prie sur lui et le salue ! - dans tous ses gestes, actes, mouvements, états et paroles, tant qu’il n’y a pas une interdiction expresse dans le Livre divin et la Sunna, comme le mariage offert comme cadeau qui lui est propre à l’exclusion des croyants ou comme les prières nocturnes et le tahajjud que le Prophète – qu’Allah prie sur lui et le salue ! -  observe par obligation tandis que nous autres nous l’observons par conformité et recommandation. Ainsi, partageons-nous avec lui l’observance des prières nocturnes. Abu Hurayra dit ceci : « Mon bien-aimé l’Envoyé de Dieu – qu’Allah prie sur lui et le salue ! - m’a recommandé trois choses », en spécifiant qu’il a observé le witr dans sa recommandation. Il rapporte aussi dans la même Tradition : « Il m’a recommandé de ne pas dormir avant d’observer une prière du witr ».

 

De même est-il rapporté dans le Hadith authentique que : « Dieu a quatre-vingt dix-neuf Noms, cent moins un. Celui qui Les recense entre au Paradis. Car Dieu est witr (Impair) et Il aime ce qui est witr ». Du reste, il est rapporté dans notre livre (al-futuhat) dont fait partie notre présent ouvrage, dans le chapitre sur les questions posées par al-Hakim al-Tirmidhi, qui constitue le dernier chapitre de la partie sur les connaissances relatives à l’amour de Dieu pour les repentants, pour ce qui aiment se purifier, pour ceux qui rendent grâce, les patients, les bienfaiteurs et bien d’autres, que Dieu aime qu’on observe le witr et qu’Il déteste certaines choses que nous avons déjà évoquées, ce qui nous dispense de les répéter ici.

 

(Cheikh Muhyî-d-Dîn Ibn Arabî, Kitâb al-wasâyâ, traduit de l’arabe par Mohamed al-Fateh : Paroles en Or, édition Iqra)

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