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La tradition islamique est, en tant que « sceau de la Prophétie », la forme ultime de l’orthodoxie traditionnelle pour le cycle humain actuel. Les formes traditionnelles qui ont précédé la forme islamique (Hindouisme, Taoïsme, Judaïsme, Christianisme,…) sont, dans leurs formulations régulières et orthodoxes, des reflets de la Lumière totale de l’Esprit-universel qui désigne Er-Rûh el-mohammediyah, le principe de la prophétie, salawâtu-Llâh wa salâmu-Hu ‘alayh.

Les Lettres de Moulay al-‘Arabî ad-Darqâwî (11)

Sidi-Ali-ibn-Moulay-Tayeb-ibn-Moulay-Larbi-Darqawi.jpgExtraits des lettres 25

 

An-nafs(l'âme, la psyché) et ar-rûh (l'esprit) sont deux noms désignant une seule et même chose; faite de l'essence même de la lumière, mais Dieu est plus savant. Elle se dédouble, cette chose, en vertu de deux qualités opposées, qui sont la pureté et le trouble, car la nafs, tant qu'elle subsiste, est troublée, et c'est sous ce rapport qu'elle porte son nom; mais si son trouble disparaît et qu'elle devient pure substance, elle est vraiment appelée rûh. Nous voyons d'ailleurs que les deux s'attirent mutuellement, car ils sont proches l'un de l'autre, et tous les deux sont en principe doués de beauté, de vertu et d'équilibre. Or, si Dieu veut sanctifier un de Ses serviteurs, Il marie en lui esprit et âme, c'est-à-dire, Il fait que l'un prenne possession de l'autre, ce qui se produit quand l'âme revient de ses passions qui l'avaient éloignée de sa vraie parenté et de sa patrie, qui l'avaient arrachée de sa vertu, sa bonté, sa beauté, sa noblesse, sa supériorité et son élévation et de tout ce dont son Seigneur l'avait comblée, jusqu'à ce qu'elle niât sa propre origine et ne pût plus la sonder; or, si elle ne reste plus dans cet état mais le quitte et en revient entièrement, l'esprit la transporte et lui transmet ses vérités et secrets que Dieu lui inspire, et qui n'ont pas de fin. Dans la mesure même où elle quitte ses passions, se renforce l'effusion de l'esprit de la part de son Seigneur, de sorte que les noces de l'esprit et de l'âme se multiplient, ainsi que leurs fruits, à savoir les sciences infuses et les actions qui en naissent. La jouissance de cela ne peut que porter l'homme à contrarier l'âme (passionnelle) et à entraîner celle-ci malgré ses répulsions, ses rebuffades et ses exécrations, car un tel comportement est rendu facile à l'homme par tout ce qu'il y voit de "lumières", "secrets" et "profits' spirituels.

 

Extraits des lettres 26

 

L'Esprit (rûh) est de nature lumineuse, issu de l'essence même de la lumière (mais Dieu est plus savant). Or l'on sait sans aucun doute que Dieu "saisit une portion de Sa lumière et lui dit: sois Muhammad" (1). C'est ainsi qu'Il (l'Esprit) devint, et de sa lumière furent créées toutes choses; comprends cela. Or, l'Esprit n'est rien d'autre que l'âme (nafs), qui ne se troubla que parce qu'elle s'appuie sur le monde de la corruption; si elle quittait ce monde et s'en séparait, elle rejoindrait la patrie dont elle est venue, à savoir la Présence seigneuriale. Le vénérable maître, le saint Abu Zayîd 'Abd ar-Rahmân, le fou de Dieu (2) dit au sujet d'elle:

"D'oû viens-tu, ô toi douée d'esprit, Embrasée d'amour, spirituellement, Immobile dans le déploiement de ta gloire, Seigneuriale dans tous tes états?"

 

(1) Parole du Prophète (hadith).

(2) Al-majdhub, surnom du célèbre soufi et poète marocain 'Abdur-Rahmân al-Majdhûb, un des pôles de la chaîne shâdilite. Il vécut au 16e siècle.

 

Extraits des lettres 27

 

L'imagination (wahm) est chose vaine, mais Dieu la disposa en vue d'une grande sagesse. Chaque chose, d'ailleurs, comporte un grand secret et un aspect évident, puisqu'il est dit (dans le Coran): "Notre Seigneur, Tu n'as pas créé cela en vain, exalté sois-Tu" (III, 191); "pensiez-vous donc que Nous vous avons créés par vain jeu ?" (XXIII, 117). Loin soit de notre Seigneur une telle chose; Dieu est au-dessus de cela. Telle est la nature de l'imagination que si tu ne la subjugues pas, c'est-à-dire, si tu ne lui imposes pas ton avis, elle te subjuguera inévitablement et t'imposera le sien; si tu ne nies pas son opinion, elle niera la tienne. Or, elle n'est rien; cependant, si tu écoutes son discours, il affaiblira ta certitude (spirituelle) et t'en détournera vers d'autres chemins. Mais si tu n'écoutes pas son discours, ta lumière intérieure croîtra; par sa croissance, ta certitude s'affermira; par son affermissement, ta volonté spirituelle s'élèvera, et par son élévation tu atteindras ton Seigneur, et L'atteindre c'est Le connaître.

 

Pour les voyageurs vers Dieu qui n'écoutent pas le discours de l'imagination et n'en suivent pas les opinions, elle est comme un vent puissant qui vient à l'aide des marins, de sorte qu'ils arrivent en une heure là où d'autres n'arrivent qu'après un voyage d'un mois ou d'une année. Par contre, celui qui s'arrête au discours et aux opinions (de l'imagination) demeure empêché en route, comme il arrive également aux marins. Tel est son effet (1).

Nous constatons que celui qui abandonne ce qui ne le concerne pas, se suffit de la moindre chose pour sa subsistance, tandis que celui qui ne l'abandonne pas n'aura jamais tout ce qu'il lui faut, quoi qu'il fasse.

 

(1) Comme faculté plastique de l'âme, l'imagination peut être réceptive à l'égard des vérités spirituelles comme elle peut être réceptive à l'égard du "monde". Ce n'est pas que l'homme mondain possède une imagination trop puissante ; tout au contraire, ce qui le caractérise, c'est une imagination entraînée et entravée par les objets de ses désirs.

 

(Moulay al-‘Arabî ad-Darqâwî, Lettres d'un maître soufi le Sheikh al-‘Arabî ad-Darqâwî, traduites de l'Arabe par Titus Burckhardt).

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