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La tradition islamique est, en tant que « sceau de la Prophétie », la forme ultime de l’orthodoxie traditionnelle pour le cycle humain actuel. Les formes traditionnelles qui ont précédé la forme islamique (Hindouisme, Taoïsme, Judaïsme, Christianisme,…) sont, dans leurs formulations régulières et orthodoxes, des reflets de la Lumière totale de l’Esprit-universel qui désigne Er-Rûh el-mohammediyah, le principe de la prophétie, salawâtu-Llâh wa salâmu-Hu ‘alayh.

Michel Vâlsan : Une instruction sur les rites fondamentaux de l’islam – Chap. II.

Michel Valsan 1UNE INSTRUCTION

SUR LES

RITES FONDAMENTAUX DE L’ISLAM

(Kitâbu-l-I’lâm fî-mâ bunya ‘alay-hi-l-Islâm)

 

Du Cheikh al-Akbar Muhyu-d-dîn ibn ‘Arabî

 

II. ENSEIGNEMENT SUR L’AUMÔNE LEGALE (Zakât).

 

Le Cheikh Muhyu-d-dîn ibn ‘Arabî at-Tâî al-Hâtimî al-Andalusî – qu’Allâh sanctifie son secret – a dit :

Sache – et qu’Allâh te confirme par un Esprit procédant de Lui – que la Zakât en tant que « sacrifice purificateur » (1) est de quatre sortes :

1. Sacrifice purificateur des biens (zakâtu-l-amwâl).

2. Sacrifice purificateur des paroles (zakâtu-l-aqwâl).

3. Sacrifice purificateur des actes (zakâtu-l-af’âl).

4. Sacrifice purificateur des états d’âme (zakâtu-l-ahwâl).

 

De la 1re sorte de zakât nous n’avons pas à nous en occuper ici, car elle est une chose apprise par l’enseignement ordinaire du droit religieux (2). Du reste le faqîr, le pauvre spirituel, a cédé tous ses biens à Allah qui a institué la Loi de Pauvreté (al-Faqr) (3).

 

La 2e sorte de zakât, qui est le sacrifice purificateur en matière de paroles, a quatre modalités :

a) l’écart de tout ce qu’Allâh a interdit en matière de propos, chose que nous n’avons pas à considérer ici en détail ;

b) le rejet des mollesses de la langue qui se plaît à gémir, par le dhikr (mention) d’Allah, car cela constitue une « purification » (tazkiyah) (4) ;

c) la purification du « Secret intime » (tazkiyatu-s-Sirr) en effaçant du dhikr (invocation) fait avec ce « secret intime » la présence de l’âme psychique (nafs) ;

d) un dhikr sortant de toi sans intervention de ta part et uni à Lui.

 

(1) Le terme zakât dérive d’une racine qui signifie qui signifie « pureté », « croissance ». L’aumône légale, qui est en réalité un impôt, est appelée de ce nom du fait qu’elle est définie par la Loi sacrée  comme le moyen de « rendre purs » et « prospères » les biens possédés ainsi que les possesseurs de biens eux-mêmes sous le rapport de leur qualité de possédants. Allâh institua cette obligation en ordonnant au Prophète : « Prends de leurs biens une çadaqah par laquelle tu les nettoieras et les purifieras (tuzakkî-him) etc. » (Cor.9.103). Le terme çadaqah est un synonyme de zakât, mais à part l’aumône obligatoire il désigne encore l’aumône surérogatoire.

(2) Ici le manuscrit présente quelques mots difficiles à lire. La traduction est faite d’après le sens général de la phrase.

(3) Cf. Cor. 35, 15 : « Ô, Hommes, vous êtes les Pauvres envers Allâh, et Allâh est le Très-Riche et le Très-Louangé ! »

(4) Le terme tazkiyah est un nom verbal de la même racine que zakât.

 

La 3e sorte de zakât, celle en matière d’actes, est appelée aussi (quant aux rapports avec les actes corporels) le « sacrifice purificateur des corps » (zakâtu-l-abdân). Elle consiste dans la purification du corps par la faim, le dénuement, la veille ; elle comporte la purification de l’œil en détournant son regard du monde, la purification des mains et des pieds et de toutes les autres parties du corps (en les employant seulement pour le service de Dieu). Entre dans ce genre de sacrifice purificateur également la purification de l’âme psychique (an-nafs), de l’intellect (al-aql), du cœur (al-qalb), de l’esprit (ar-rûh) et du « Secret intime » (as-Sirr) (1). Cela comporte de même une certaine restriction en matière de science (ilm) (2), mais non pas en matière de Science de la Pauvreté, car celle-ci est par définition « surplus divin » et « grâce seigneuriale ».

 

Quant à la 4e sorte de zakât, c’est le sacrifice purificateur des états d’âme (zakâtu-l-ahwâl) dont l’explication paraît dans la « science de l’instant spirituel » (ilm-l-waqt) (3). C’est cette sorte de zakât qui est propre à la Science de la Pauvreté (al-ilmu-l-faqrî). Comprends cela.

 

(1) Les différents degrés de l’être intérieur sont ici inscrits dans cette rubrique des actes pour autant qu’à chacun de ces degrés l’être accomplit certains actes ou développe certaines activités. – Une hiérarchie plus complète des degrés de l’être intérieur est la suivante : quwâ (facultés psychiques), nafs (âme psychique), aql (intellect), qalb (cœur), rûh (esprit), sirr (secret intime), khafâ (occultation profonde), et Ghabu-l-Ghuyûb (Mystère des Mystères). Cette liste n’est qu’indicative ; elle comporte des variantes quant à l’ordre de succession : qalb avant aql, sirr avant rûh ; il est question en outre quelque fois de Sirrus-sirr (Secret du secret intime).

(2) Il s’agit vraisemblablement d’abstention de chercher, de former et de retenir certaines notions et conceptions qui seraient pour l’esprit des surcharges inutiles et même nocives par leurs propensions à prédéterminer et limiter l’intellection ou l’intuition.

(3) Il s’agit, semble-t-il, de la renonciation à certains contenus de l’âme consciente, en raison de ce qui est plus important pour elle dans l’ « instant spirituel » (waqt). Ce dernier terme fait partie de la terminologie technique du Taçawwuf, et désigne ce qui  caractérise la condition immédiate de l’être à un moment donné.

 

[Michel Vâlsan, Une instruction sur les Rites fondamentaux de l'Islam, Revue Études Traditionnelles n° 369, Janv.-Fév. 1962. p. 23].

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